39/45 Adrien de Chantérac

Adrien de Chantérac (rameau 43) a 20 ans à la libération de Paris. Il a vécu avec ses frères Jean et Stanislas la période de l’occupation entre Paris et le Houlley. Il se rappelait avoir récupéré des parachutistes anglais dans le parc et les avoir cachés à l’insu de ses parents dans le grenier du château.

Lorsqu’il s’engage, il est incorporé à la 3ème compagnie du 501ème régiment de chars de combats, dans la 2ème DB. du général Leclerc  et participe comme conducteur de char à la libération de Strasbourg en novembre 1944.

La 2ème DB entre au sud de l’Allemagne. Il passe “devant Dachau encore fumant ” dira-t-il.

Le 4 mai 1945, un premier détachement de la 2ème DB arrive à Berchtesgaden, le nid d’aigle d’Hitler.

Chacun se jette sur ce qu’il peut pour rapporter un souvenir. Adrien s’empare de la clef de la buanderie, une grosse clef en bronze qu’il offrira à sa mère à son retour.

C’est là qu’il apprendra que l’armistice a été signé.

Peu de jours plus tard, au bord du lac Königssee, il est grièvement blessé au volant, non de son char, mais d’une voiture que l’un de ses supérieurs lui avait demandé de ramener au QG. La voiture était piégée. L’explosion lui brise des vertèbres cervicales.

D’abord évacué sur un hôpital allemand, il est transporté par les Américains à l’hôpital de Reims où interviennent des équipes de pointe. Quelques mois plus tard, il est ramené à Paris à l’hôpital militaire du Val de Grâce.

Lorsqu’il sort enfin de convalescence, il n’a qu’une idée : repartir …

Il rejoint à nouveau la 2ème DB dans laquelle il passera environ un an en Indochine avant d’être rapatrié fin 1947, atteint d’un violent paludisme et moralement extrêmement choqué par les souvenirs d’une guerre dont il ne parlera jamais, gardant en particulier une terreur non feinte de la cruauté des combattants japonais. A la capitulation du Japon en août 1945 en effet, plusieurs milliers de militaires japonais viscéralement anti-occidentaux refusèrent le désarmement et rejoignirent le Vietminh comme conseillers ou comme combattants à tel point que les Français, ayant militairement repris pied au nord de l’Indochine mirent en place en avril-septembre 1946 la « Mission Tokyo », qui visait à récupérer les déserteurs japonais.

Tout juste confiera-t-il à ses enfants le jour de ses 70 ans que la Division Leclerc “lui avait offert bien des voyages jusqu’en Chine où il avait pénétré avec 3 chars début 1947 pour faire du ramdam sur 10 kms.”

Ses campagnes ont été saluées par la croix de guerre 1939-1945 et la croix de guerre TOE.

Mais elles lui valurent également de longues années de souffrance des suites de sa blessure de 1945. Reconnu Invalide de guerre, il restera physiquement très marqué jusqu’à la fin de sa vie le 2 mars 2006 malgré une très lourde intervention crânienne à la fin des années 1960 qui mit heureusement fin à ses migraines insupportables.

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