On sait peu de choses de la vie de Gabriel-Louis de la Cropte de Chantérac, dernier ancêtre dont tous ceux qui portent aujourd’hui le nom peuvent se prévaloir.
Né sous Louis XV en 1744, il meurt jeune en 1781 à l’âge de 37 ans, neuf ans après son mariage, laissant deux fils qui auront une quinzaine d’années au début de la révolution.
Il était cornette (porte-drapeau) capitaine du régiment du Dauphin le 08.03.1762, capitaine de cavalerie au régiment Royal Piémont.
Il avait épousé le 18 août 1772 Marguerite Le Blanc de Mauvesin dont le père Jean-Antoine était conseiller du Roi à la Grande Chambre du Parlement de Bordeaux. La famille de Mauvesin était propriétaire de domaines viticoles dans le Médoc. La mère de Marguerite était Marguerite Thérèse de Gombault
Le titre de Marquis
Gabriel-Louis est le premier à porter le titre de marquis de Chantérac. Dans le recueil de Saint-Allais écrit en 1817 , les descendants d’Hugues de La Cropte de Chantérac ne sont, de la génération X (≈ 1450) à la génération XIV (≈ 1600) que coseigneurs puis seigneurs de Chantérac.
Charles de La Cropte, génération XV (≈1500) est dit pour la première fois « connu comme le comte de Chantérac ».
François-David (génération XVI ≈ 1750) est cité comme marquis de Beauvais, seigneur de Chantérac.
C’est sous Louis XV, qu’apparaît l’usage du titre de marquis avec, à la même génération :
- Jean-François de La Cropte de Bourzac, (+1804), marquis de Bourzac, admis à monter dans les carrosses de sa Majesté le 18 avril 1783,
- Jean-François Isaac de La Cropte de Saint-Abre (+1827), marquis de Saint-Abre.
- Gabriel de La Cropte de Chantérac (+1781), marquis de Chantérac.
Ce titre de Marquis relève des usages des titres de courtoisie du fait que [La] maison [de La Cropte] a joui des honneurs de la cour en vertu de preuves régulièrement faites au cabinet des ordres du roi en 1783 par le marquis de Bourzac, représentant de sa branche.
Gabriel-Louis rend hommage au roi Louis XVI, pour la terre de Chantérac le 13 janvier 1777.
Un ouvrage paru en 1919 dresse une liste des familles françaises portant encore à l’époque le titre de marquis et recense leur légitimité, soit au titre de lettres patentes, soit à titre étranger, soit au titre de courtoisie ‘légitime’ suite à une admission aux Honneurs de la cour avec le titre de Marquis.
Le Marquis de Chantérac ne figure pas dans ces listes, mais on peut l’expliquer en considérant qu’il eût fallu chercher le marquis de La Cropte de Bourzac, alors que cette branche était éteinte en 1917.
L’usage du titre de marquis sera conservé par le chef de famille pendant cinq générations jusqu’à Hugues-Audoën, décédé en 2010, les autres descendants portant avec leur prénom comme titre de courtoisie celui de comte, ou de vicomte Gilles, ou autre prénom, de Chantérac.
Source : Les marquis français, par Henry de Woelmont, Librairie Edouard Champion, Paris, 1919
On ne sait pas comment Gabriel-Louis partageait son temps entre la cour où l’obligeaient ses obligations d’officier et Chantérac, où il a lancé ou poursuivi les importants travaux qui au 18ème siècle ont donné au château de Chantérac son aspect actuel.
Yves Guéna raconte :
« Au XVIIIe siècle furent entrepris des travaux considérables qui s’étagèrent sans doute sur plusieurs dizaines d’années puisque, si le style du pavillon est typique du milieu du siècle, la porte principale de l’aile Ouest est déjà Louis XVI. A cette période se trouvera donc rajoutée au vieux château toute la partie constituée par le pavillon central et l’aile de retour. Sans doute, la seconde tour à l’angle Sud-Est du premier corps de logis fut-elle abattue à l’occasion de cet agrandissement en prévision de la construction d’une seconde aile à l’Est. Aucun château français, disent les spécialistes, n’a été conçu à l’origine de façon dissymétrique ; ce sont toujours des événements imprévus qui ont arrêté l’exécution des plans et en ont dérangé la symétrie […]
Lorsqu’on procéda […] aux aménagements du parc, on découvrit des traces de fondations. Ainsi apparaît-il qu’on avait bien eu le projet de flanquer le corps de logis ancien d’un autre pavillon et d’une autre aile de retour parallèle à la première, et que les travaux avaient été engagés. On imagine quel château monumental aurait été Chantérac ! […]
Nous voici donc à la veille de la Révolution. Au corps de logis vieux de près de deux siècles, on vient d’adjoindre le pavillon puis l’aile Ouest et l’on projette d’édifier symétriquement un autre pavillon et une autre aile. Tout s’arrête soudain et le château va entrer pour plus d’un demi-siècle dans une période de dégradation. »
Source : Yves Guéna, « Chantérac, le Château, les liens familiaux » ; éditions Pierre Fanlac, Périgueux
Un tableau de la femme de Gabriel-Louis, Marguerite Le Blanc de Mauvesin, orne le trumeau d’une cheminée dans le château de Beuvron.
Deux tableaux où l’on voit leurs deux fils, l’un désignant un portrait de son père et l’autre un portrait de sa mère, l’un et l’autre debout devant une table sur laquelle sont posés des dessins de géométrie, une plume et un compas incitent à penser que Gabriel-Louis et Marguerite veillaient à donner à leurs enfants une solide éducation.
En 1788, Marguerite achète le château de La Finou, à Lalinde (Périgord) à son propriétaire Jean-Isaac François, Baron de La Valette de La Finou.
Marguerite meurt le 8 mai 1832 à un âge avancé.
Source : Inventaire après décès de Marguerite Bonaventure Leblanc de Mauvesin, veuve de Gabriel Louis de la Cropte marquis de Chanterac effectué par maître Godot le 10.09.1832, archives nat.