Origines de chevalerie

L’usage des noms, alors appelés surnoms, d’où le terme anglais surname, n’apparaît qu’au XIIème siècle. Auparavant, les personnes ne portaient que leur nom de baptême.

Les plus anciennes mentions du nom La Cropte se trouvent à cette époque. Elles figurent dans le cartulaire de l’abbaye Notre Dame de Chancelade, fondée comme Clairvaux sous la règle de saint Augustin, alors en construction à quelques kilomètres de Périgueux.

Les bâtiments qui subsistent aujourd’hui abritent le centre spirituel Alain de Solminihac, du nom du Père Abbé qui releva l’abbaye au début du XVIIème siècle, après les guerres de religion.

Le cartulaire est le registre des droits et donations reçus par l’abbaye depuis sa fondation en 1000 jusqu’en 1236. Epargné par l’incendie de l’abbaye par les Huguenots en 1575, il a disparu à la révolution, sans doute dans le grand autodafé perpétré en 1793 avec la plupart des livres de la bibliothèque de l’abbaye.

Des copies en langue plus moderne avaient heureusement été faites peu avant.

On y trouve une vingtaine d’articles dans lesquels sont cités Ithier, Arnaud, Hélie et Audoin de la Cropte, tous prêtres ou chanoines, un autre Hélie et Pierre de La Cropte, son fils. Ils sont en général témoins de donations faites à l’abbaye. Pierre est cité une fois comme donateur.

Les mentions les plus anciennes concernent Arnaud et Ithier, prêtres, et peuvent être datés entre 1129 et 1143. A cette époque, les ecclésiastiques n’avaient ni titre, ni qualité pour prendre eux-mêmes un nom. La Cropte était donc nécessairement déjà le nom de leur père dont l’existence doit donc remonter à la fin du XIème siècle. [2]

Dans l’un des actes du cartulaire, daté entre 1178 et 1187, Hélie de la Cropte (Helia de la Cropta) est qualifié de chevalier (Milite). Cet Hélie est également cité dans le cartulaire de Cluny.

C’est avec lui que commence la liste généalogique de l’ouvrage de Saint-Allais.

C’est la fin de l’époque féodale proprement dite. A côté des grands titres de noblesse, duc, marquis, comte, vicomte, baron, la chevalerie désigne le corps des combattants à cheval.

Elle constitue à l’origine une catégorie sociale à part entière, rassemblant ceux qui n’ont « ni la notoriété d’un lignage noble, ni la richesse d’un grand propriétaire terrien ».

A partir du XIIème siècle la chevalerie tend à se confondre progressivement avec la noblesse.

Borel d’Hauterive dans son annuaire de la noblesse de France note que les premiers auteurs de la maison de La Cropte furent presque tous décorés de la chevalerie.

Lorsqu’ils signent les actes juridiques qui fondent la généalogie de cette époque, les La Cropte sont en effet désignés comme chevaliers ou écuyers ; s’ils sont mineurs ou n’ont pas encore été adoubés Damoiseaux ou Donzels,

Saint-Allais précisait dans son nobiliaire universel que « la qualité de chevalier que Fortanier I, petit-fils d’Hélie, prend dans ses actes fait présumer qu’il avait servi dans les guerres de Saint Louis, puisque ce fut pendant son règne qu’il parvint à l’ordre de chevalerie qui ne s’accordait alors qu’à ceux qui réunissaient les services militaires aux avantages de la naissance »

Parmi les éléments cités par Saint Allais figurent entre le début du XIVème et la fin du XVIème siècle de nombreuses cérémonies d’hommages rendus par les seigneurs de La Cropte à leurs suzerains, seigneurs de Périgueux, comtes du Périgord, duc de Guyenne, etc.

L’hommage scellait une reconnaissance attachée à la personne, non transmissible. Pierre II de La Cropte rend ainsi successivement hommage à Pierre de Périgueux puis après la mort de celui-ci à son fils Fortanier de Périgueux ; en sens inverse, Jean de La Cropte devra à la mort de son père Pierre III de la Cropte rendre personnellement hommage à Archambaud V comte de Périgord comme l’avait fait son père.

Lors de l’hommage, le vassal faisait à son suzerain un cadeau. Sont ainsi cités une paire de gants blancs, une paire d’éperons dorés, un marmotin d’or (le marmotin valait quarante-cinq sols) et encore une émine (environ 20 litres) de froment.

La dernière mention d’hommage rapportée par Saint-Allais est datée de 1579. L’usage se perd avec la montée en puissance de la souveraineté royale mais il est encore fait mention de l’hommage rendu par Gabriel-Louis de la Cropte de Chantérac à Louis XVI en 1777.