Bonaventure

Bonaventure perd sa mère à l’âge de 8 ans. Son père confie son éducation à l’école de Soreze, dans le Tarn. Les lycées avaient été créés par la Révolution mais, selon les normes familiales, on n’y envoyait pas ses enfants. Soreze est une ancienne abbaye qui pratique un enseignement novateur dès le XVII° siècle. Elle fut érigée sous Louis XVI École royale militaire et accueillit des élèves de toutes les parties du monde. Elle fermera en 1991

Il fait son droit à Aix-en-Provence puis à Paris, où il obtient sa licence et revient s’établir comme avocat à Marseille où il est né.
Il fait partie, à plusieurs reprises, du conseil de son ordre, et est choisi comme bâtonnier en 1847. Il avait rempli pendant quelque temps un poste de juge suppléant.

Depuis la Révolution de 1830, les conseillers municipaux sont élus au suffrage censitaire. En 1846, âgé de 40 ans, il entre au conseil municipal de la ville de Marseille.

Pendant les journées de 1848, le conseil municipal siège en permanence à l’hôtel de ville ; Bonaventure courageusement maintient l’ordre, organise la Garde Nationale, refuse de céder le pouvoir à l’émeute et ne le remettra que lors de l’installation d’un commissaire extraordinaire. 
Pendant les événements insurrectionnels de juin , il est incorporé à la Garde Nationale et participe au démantèlement des barricades du quartier de Castellane.
Louis-Philippe est contraint de démissionner. Louis-Napoléon-Bonaparte devient Président de la IIème République.

Après 1848, les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel et les maires nommés par le pouvoir central. Bonaventure devient adjoint au maire puis maire le 14 novembre 1849.
Son administration est marquée par une réglementation nouvelle des halles et marchés, l’établissement d’un marché aux bestiaux, la construction d’un abattoir, par l’exécution de la promenade de la Corniche qui longe le bord de la mer.

En 1850, en vue de la création du nouveau bassin à la Joliette dont la création avait été décidée par une loi de 1844, la ville récupère les terrains de l’intendance sanitaire pour l’extension du port et décide le transfert des activités de quarantaine au Frioul. L’intendance sanitaire avait été créée par une ordonnance royale de 1662 pour protéger Marseille des grandes épidémies. Elle décidait de la quarantaine des navires, de leur cargaison et équipage. Les Marseillais y étaient très attachés malgré son échec de la grande peste apportée par le Saint-Antoine en 1720, probablement dû à la cupidité de certains échevins.

Bonaventure doit gérer une certaine effervescence populaire. Il inaugurera le bassin de la Joliette en 1853. Les bâtiments qui abritaient les intendants sanitaires existent toujours. Il voit aussi l’achèvement du canal de Marseille, engagé 15 ans plus tôt pour amener l’eau de la Durance jusqu’à Marseille, dont la dépense totale s’est élevée à plus de 50 millions.
Il pose la première pierre de la Bourse de Marseille dont les travaux ne commenceront réellement qu’en 1854.

Une des portes d’embarquement du terminal 2 de la Joliette, d’où partent notamment les ferries vers la Corse et une rue voisine portent aujourd’hui son nom.

En 1852, il est élu au Conseil Général dont il deviendra Président pendant 18 ans et remporte les élections législatives de la république consulaire avec 12 502 voix (20 874 votants, 43 326 inscrits) face au député monarchiste sortant, Sauvaire de Barthélemy.

Les authentiques bonapartistes ne représentent à cette élection qu’un tiers des députés élus dont une bonne moitié issue de l’orléanisme, les autres étant d’origines et d’allégeances diverses. Ainsi, dans le premier corps législatif, on trouve aussi 35 députés légitimistes, 17 orléanistes, 18 conservateurs indépendants, 2 catholiques libéraux et 3 républicains.

Bonaventure est rattaché à la Majorité dynastique, une aile de l’orléanisme dont les partisans militent notamment depuis longtemps pour un régime plus démocratique et sont favorables à toutes les mesures permettant l’extension du pouvoir de suffrage, notamment par un abaissement du cens d’élection et/ou d’éligibilité.

Il restera dans ce parti jusqu’à sa nomination comme Conseiller d’Etat le 15 juin 1854 à la suite de laquelle il abandonnera son siège de député et son mandat de maire qui prendra officiellement fin le 12 octobre 1854.

Dans la constitution de la II° république, le Conseil d’Etat est chargé de préparer les lois, les députés n’ayant pas de pouvoir de proposition. Comme Conseiller d’Etat, il est membre du comité de l’intérieur, de l’instruction publique et des cultes. Il défend plusieurs fois, comme rapporteur ou comme commissaire du gouvernement, des projets de loi relatifs aux grands travaux exécutés à Lyon, Marseille, etc.

La salle des fêtes de la mairie porte au plafond le nom de tous les maires ; il a le privilège d’y figurer deux fois pour avoir fait, administrativement, deux mandats entre 1849 et 1854 ! Commandeur de la Légion d’honneur en janvier 1861, il fut admis à la retraite, comme conseiller d’Etat, le 12 novembre 1873 à l’âge de 67 ans.

Sources
Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny) ;
http://www.marseille-france.com/maires.htm ;
Académie de Marseille, Dictionnaire des marseillais, Edisud, Marseille, 2001, (ISBN 2-7449-0254-3) ;
Encyclopédie des Bouches-du-Rhône, Archives départementales, Marseille, 17 volumes, 1913 à 1927 ; http://marsdesign.free.fr/FRIOOOL/HTML/geohisto/history.htm ;
notes de son arrière-petit-fils, Guy.

Lors du coup d’Etat du 2 décembre 1851, il prendra parti pour le Prince-Président, ce qui lui vaudra une lettre de félicitations du 18 décembre 1851 de Morny, ministre de l’Intérieur.

En 1852, il accueille Napoléon III pour la pose de la première pierre de la nouvelle cathédrale romano-byzantine Sainte-Marie-Majeure, dite la Major, symbole de la puissance maritime marseillaise, qui ne sera achevée qu’en 1893. Il inaugure le 28 mai 1853 la statue de Monseigneur de Belsunce qui est aujourd’hui sur le parvis de la Major.

En septembre 1852, il écrit d’une belle écriture régulière :
Les français, malgré leur esprit frondeur, sont enclins au respect de l’autorité, quand celle-ci est forte et sait avoir de l’initiative. Ils veulent, avant tout, être conduits. La direction des affaires publiques est-elle faible ou incertaine, ils s’abandonnent alors à tous les écarts habituels aux esprits vifs et légers. S’opposer systématiquement au pouvoir est bientôt une sorte de mode dont chacun subit l’empire, un de ces entraînements auxquels on ne saurait résister.
Les gouvernements qui tombent en France sont ceux qui ne savent pas être maîtres. Ce n’est jamais par la puissance, l’audace ou le nombre de leurs ennemis qu’ils périssent, mais bien par leur propre affaissement.
Réprimer les écarts de la presse et de la parole est non seulement un devoir pour le gouvernement, mais encore une loi de sa propre conservation. C’est aussi pour le peuple une condition de son repos.

L’Empire succède à la seconde république en décembre 1852.

Descendance

Bonaventure (1) né à Marseille le 08.04.1806, + au château de Fontblanche, Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône) le 06.12.1883,
épouse le 08.07.1845 Françoise Félicité Mathilde de CHIEUSSES de VILLEPEYS née à Lorgues (Var) le 10.07.1823, fille de François Charles Edouard de Chieusses de Villepeys et de Françoise Charlotte Dorothée Garnier de Fontblanche.

Ils ont 4 enfants dont un seul lui donnera une postérité :

Marie Caroline Elisabeth née le 26.08.1846, U à Roquefort-la-Bédoule (Bouches-du-Rhône) le 15.06.1883, x au château de Fontblanche le 24.09.1867 Marie Joseph Jacques Ernest de GASSIER né à Aups (Var) le 29.03.1841, dr. droit, conseiller général du Var, fils de François Jules de Gassier, lic. droit, conseiller général du Var, et de Caroline Rose de Sigaud de Bresc.
Dont Marie Joseph François Jacques de Gassier, né à Paris le 09.08 1877 décédé sans alliance

Charles, né en 1849,

Félix, + en bas âge

Eugénie, + en bas âge

(1) L’acte de naissance rédigé initialement au nom de Bonnaventure Lacropte Chanterac est rectifié en 1860 en Bonaventure de la Cropte de Chanterac. C’est cette seconde orthographe qui est retenue ici. D’hozier donne le prénom de Bonaventure-Paul mais ce second prénom ne figure pas sur l’acte de naissance.