39/45 Charles de Chantérac

Charles, 50 ans, officier d’active, est dans la tradition des loyaux serviteurs héritiers de traditions familiales qu’évoque De Gaulle dans son livre “La France et son armée” (1938) en citant quelques patronymes dont ” La Cropte”.

Juste après l’armistice, on cherche à quitter Paris. Charles installe sa mère chez sa belle-mère à Montdespic (La Salle de Castillon en Gironde) où elle mourra en 1942. Elle y sera temporairement enterrée avant que ses restes puissent être ramenés à Paris après la guerre.

Charles est promu lieutenant-colonel à l’Etat-Major de Clermont-Ferrand en juillet 1940, chargé du camouflage du matériel de guerre. Comme beaucoup d’officiers, il reste fidèle à la hiérarchie et au gouvernement. C’est son réseau naturel, officiel et légal.

En octobre 1940, il devient Chef de Corps du 8ème Régiment de Cuirassiers, régiment de blindés légers qui sera dissous

En Septembre 1941, il est nommé Chef d’Etat-Major auprès du secrétaire d’état à la guerre à Vichy. Ce sera une affectation de courte durée car le général Huntziger, l’un des signataires de l’armistice de juin 40, qui tient le poste meurt dans un accident d’avion en novembre.

En février 1942, il écrit à son fils Louis : Ceux qui m’avaient fait nommer là ont cru m’être agréables et utiles. Ils n’ont pas fait exprès de me mettre dans l’embarras …Je cherche à avoir une place sur l’axe Clermont, Lyon, Bourg ou Mâcon ce qui serait très bien par rapport à Planche. Ce sera peut-être Mâcon où on m’offre une place de commandant militaire du département, ce qui ne me sourit guère, mais la localité ferait avaler l’emploi.

Ce sera effectivement Mâcon où il est promu colonel et nommé commandant militaire du département de Saône et Loire à Macon. Il écrit encore : « Les regrets de quitter Vichy sont minces. Je n’y faisais plus rien, le poste pour lequel j’étais venu ayant été réduit à rien. On ne peut donc pas dire que mon poste était intéressant. [Mon poste] consiste à être le représentant de l’autorité militaire auprès du préfet qui est celui du gouvernement et à traiter les questions territoriales et de discipline générale. » Et aussi : « A cela aura toujours servi mon passage malgré moi à Vichy »

Charles cherche à concilier sa fidélité au gouvernement avec son opposition à la domination allemande. Officiellement, la subdivision est principalement chargée de la surveillance de la ligne de démarcation.  Il signe personnellement beaucoup de dossiers de laisser-passer vers la zone libre, ce qui attire l’attention des occupants.

En novembre 1942, les allemands occupent la Zone Libre. Le 11 novembre, ils entrent dans Mâcon. Le 27 à 6 heures du matin, mettant en œuvre un ordre de la Wehrmacht imposant la dissolution immédiate de l’armée française ils arrêtent Charles avec tous ses officiers, avant de les relâcher tous le soir-même.

Les officiers restés dans le cadre des quelques éléments conservés de l’armée d’armistice n’assurent plus principalement que des fonctions administratives. Ils entrent alors dans une sorte de double jeu.

Charles est alors sans doute en phase avec L’Organisation de Résistance de l’Armée, l’O.R.A., créée le 31 janvier1943, regroupant d’anciens militaires français déterminés à résister de façon active contre l’occupant mais rejetant initialement de Gaulle. Un matin avant l’aube, son ordonnance l’avertit que les Allemands viennent le chercher. Il s’habille à la hâte, part en vélo et passe à la clandestinité. Recherché à la fois par les Allemands pour actes de résistance et aides aux évadés et par les FFI pour collaboration, il est obligé de se cacher à la fois des uns et des autres. Sa femme Irène sera successivement retenue par les uns puis par les autres. Arrêtée par les Allemands qui la suspectent d’être un agent de liaison, elle doit sa libération à un officier allemand dont Charles et elle avaient fait la connaissance lors de l’occupation de la Ruhr dans les années 20 !”

Charles est remplacé le 1er octobre 1943. Son départ est « habillé » comme une mise à la retraite à sa demande.

En 1944, lorsque le Général de Lattre fait escale à Mâcon dans sa marche vers le nord, il se présente spontanément au QG de son camarade de promotion, se met sous sa protection et obtient la libération de sa femme alors prisonnière des FFI.

A la libération, il est réintégré dans l’armée et rejoint en 1945 l’état-major de défense nationale du général Juin rue de Rivoli puis rue de Latour-Maubourg jusqu’à sa retraite en 1949.

En 1950, ses services pendant cette période seront reconnus par une promotion au grade d’officier de la légion d’honneur accordée à titre civil.

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