39/45 Henri de Chantérac

Henri, 52 ans, est capitaine de réserve.

Son fils Stanislas raconte :

« Depuis 1918, mon père n’avait fait que deux périodes de 21 jours, Au titre de père de famille, il n’a rejoint son centre d’appel que le 15 septembre 1939, soit 12 jours après l’appel général. Ma mère et moi le conduisons à Alençon dans une belle Chenard et Walker grenat à « moteur flottant » 11 CV Citroën récemment acquise. Je n’ai pas oublié ma fierté de constater que mon père, en uniforme, avait droit au salut de beaucoup. Le Capitaine de Chantérac est affecté comme Commandant d’Armes à Beaumont sur Sarthe, à mi-chemin entre Alençon et Le Mans. Ce bourg, chef–lieu de canton est un point de regroupement pour les convois britanniques qui ont débarqué à Cherbourg et à Saint-Nazaire. La garnison de Beaumont se compose d’un petit groupe de commandement avec des interprètes.

En juin 40, le « repli » se fait à pied et mon père est ramassé sur un lit de l’hôpital de Meslay du Maine où il est arrivé épuisé. Les Allemands ont créé dans le séminaire de Laval (qui n’existe plus, mais son mur est encore longé par la voie ferrée Le Mans-Rennes) un camp de rassemblement des prisonniers faits dans la région. Mon frère Adrien et moi sommes allés l’y voir un jour de visite.

Revenu malade, très amaigri et abattu, il ne remontera jamais réellement, ni physiquement ni moralement la pente de sa captivité. Il ne supportera de revenir au Houlley où résident sa femme et ses trois plus jeunes enfants qu’après la libération : des détachements allemands occupaient la partie réception, les communs et plusieurs chambres pour les officiers et s’y reposaient, ou faisaient leurs exercices dans le parc.

Sa femme manifestera beaucoup d’ascendant pour imposer aux occupants un comportement en rapport avec les égards dus à sa mère âgée et leur faire accepter que les rassemblements se fassent hors de la vue des fenêtres ! »

Témoignage des difficultés de l’époque, Stanislas mentionne dans son autobiographie que sa grand-mère maternelle était un peu sous influence épistolaire de son fils Honoré, qui bien que s’étant distingué comme pilote d’aviation en 14/18 penchait ‘plutôt collabo qu’angliciste’, ce qui hérissait le reste de la famille. Elle mourra au Houlley la veille du débarquement, sera enterrée provisoirement sur place et ne prendra sa place dans son caveau familial à Paris qu’après-guerre.

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