Louis de Chantérac (rameau 52), 20 ans en 1939, entre à l’Ecole de l’Air installée à Bordeaux, promotion Pinczon d’Ussel.
D’abord affecté à Salon de Provence, il est muté au Maroc en décembre 1940 et poursuit son entraînement, sans misions opérationnelles.
En 1942, il peut encore venir en permission en France, conseillé par son père sur les itinéraires les plus sûrs.
Il faudra attendre le débarquement des alliés en Afrique du Nord en novembre 1942 et la difficile intégration des armées françaises dans l’armée alliée pour que la situation change et que les combats reprennent de manière intense en Tunisie et en Italie contre les Allemands.
Louis est lieutenant et pilote au groupe de chasse II/3 “Dauphiné” qui a été doté d’avions de chasse américains P 47 Thunderbolt «coup de tonnerre », et participe à de nombreuses missions de chasse depuis l’Algérie puis la Corse en protection des avions de bombardement sur la France et les pays méditerranéens. Il y a aussi des missions de mitraillage au sol et de bombardement d’objectifs stratégiques, ponts, chemins de fer, bateaux, ports et aérodromes, notamment en Italie pour soutenir les troupes alliées qui remontent vers Rome.
A l’été 1944, le débarquement de Provence, appelé opération « Anvil Dragoon » se prépare. Les aviateurs français paieront un lourd tribut pour sa préparation.
Le matin du dimanche 6 Août 1944, neuf jours avant le débarquement, douze appareils décollent de la base d’Alto sur la côte orientale de la Corse pour une mission de mitraillage à basse altitude sur le Sud de la France.
Vers 11 heures 30, après avoir survolé l’étang de Berre et mitraillé la gare de Miramas, les chasseurs-bombardiers attaquent le terrain d’aviation d’Aix-en-Les-Milles pour endommager au sol les chasseurs Allemands.
La base est défendue par une puissante DCA de divers calibres. Louis dont le parachute s’est ouvert à très basse altitude atterrit brutalement à quelques centaines de mètres des débris de son appareil. Sa combinaison de vol est brûlée au niveau de la poitrine, il a le visage et les cheveux brûlés, une entorse au genou.
Il cache son parachute dans le creux d’un arbre et se dirige vers une ferme voisine. Par crainte des représailles, les gens qu’il rencontre refusent de lui donner un vélo, de le cacher… Un témoin avertit les autorités allemandes du Sanatorium voisin qui était alors transformé en hôpital de campagne. Une estafette motocycliste avec un officier allemand le cueille dans la ferme. Celui-ci est accompagné de son amie française !
Ses camarades n’ont pas vu le parachute s’ouvrir et le portent disparu. Ses effets personnels sont renvoyés à ses parents. L’information de sa capture parvient un peu plus tard à Maxence de Chantérac à Marseille, qui rassure la famille.
Louis reçoit des soins, et le 14 Août 1944, une ambulance le dépose gare Saint-Charles à Marseille pour un voyage de six jours vers Munich en train de grands blessés. Après 4 mois d’hôpital dans l’ancien séminaire de Freising, il est transféré à Moosburg au stalag 7A où il restera 5 mois. Avec un autre prisonnier, il prépare un projet d’évasion qu’ils abandonneront en apprenant l’arrivée prochaine des troupes américaines. A son retour en France en 1945 il ne pèse plus guère que cinquante kilos. Son frère Joseph qui l’accueille à l’arrivée du train le reconnaît à peine.
En novembre 1945, Louis revient sur les lieux. Le tissu est rare, il décide de partager son parachute avec le fermier qui lui expédie quatre panneaux avec lesquels sa femme confectionnera notamment un voile pour le berceau de leur fils aîné, Godefroy. La seconde moitié sera remise à une association de mémoire en 2012.
Le lieu du crash est fouillé en 2016 et on exhume parmi des débris une médaille de saint Benoît et un médaillon aux initiales de son père Charles et de sa mère, Irène de Beaurepaire, qu’il emportait toujours avec lui.
Louis finira sa carrière militaire comme commandant. Il a été décoré de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre.