39/45 Stanislas de Chantérac

Stanislas de Chantérac (rameau 42),  16 ans, s’est retrouvé de fait le plus âgé des garçons auprès de sa mère, dans leur propriété du Houlley en Normandie et va au lycée de Bernay.

Dès 1939, ses parents se sont organisés pour quitter la capitale pour la province. A la fin de l’année scolaire 39/40 la famille fuit les allemands qui approchent et se lance sur les routes jusqu’en Bretagne, avec passage chez Henry de Chantérac à Pipriac (Ille et Vilaine).

Une opportunité se présente pour embarquer pour l’Angleterre mais le bateau ne partira jamais.

Cet épisode d’exode se termine en juillet. Retour en famille au Houlley qui entre temps avait été habitée par des troupes françaises en déroute qui avaient pillé la cave et laissé la literie sale.

Il prépare d’abord Saint Cyr à Rennes chez des amis, où il connaîtra celle qui deviendra sa femme, puis à Paris. Mais en 1942 les classes de « Corniche » sont fermées.

Suivent un ou deux ans un peu erratiques en fac de droit : Court séjour en chantier de jeunesse, qu’il fuit après 3 semaines pour éviter le départ en STO pour lesquels les anciens candidats aux écoles militaires sont réquisitionnés en priorité ; Quelques mois dans un comité d’assistance aux prisonniers de guerre, pour éviter de rentrer au Houlley, occupé.

Stanislas “camouflé”

En 1943, un ami de son père, commissaire de police, lui fait faire une carte d’identité au nom de son frère Adrien né en 24 pour éviter le recensement de sa classe. Adrien s’installe ailleurs pour éviter que les deux frères soient contrôlés ensemble …

Passage au Houlley malgré tout, l’été 43, avec service rural de vacances, une initiative de Vichy pour apporter de l’aide dans les fermes, mais aussi, avec Adrien, requis pour renforcer les effectifs de la garde des voies ferrées contre les saboteurs, en groupe, à un poste de passage à niveau entre Serquigny et Bernay.

Pour ce service institué à partir d’avril 1943, les hommes de 18 à 60 ans étaient recensés et réquisitionnés comme gardes-voies par la mairie sur instructions du préfet qui lui-même recevait des ordres des Allemands. Leur travail consistait à surveiller de nuit une gare ou un tronçon de voie ferrée. La seule arme autorisée était … un gourdin. Ils recevaient une convocation et devaient pointer. Ce travail était rémunéré 6 francs 25 de l’heure plus une indemnité de parcours de 15 francs. 

En 1944, à Paris, les choses se précipitent :

Le 26 avril, juché sur un autobus, Stanislas aperçoit le Maréchal Pétain, acclamé au balcon de l’Hôtel de Ville.

Le 15 Août : le Cardinal de Paris organise des vêpres solennelles pour l’anniversaire de la consécration de la France à la Vierge, selon le vœu de Louis XIII. Elles sont interdites mais les parisiens bravent les ordres. Stanislas, recruté par hasard, fait partie de l’équipe qui sonne le Bourdon de Notre-Dame ; 10 jours plus tard, Simone de Chantérac, petite Sœur de l’Assomption, téléphone pour annoncer que les premiers blindés, des Français, sont au Pont de Sèvres ; Quelques jours encore et Stanislas aperçoit le général de Gaulle descendre les Champs Elysées.

Son frère Adrien et lui font rapidement un aller et retour en vélo au Houlley avant de s’engager, croisant les colonnes de GMC.

Au retour, Stanislas rencontre un ami d’ami, candidat Saint-Cyrien, qui vient de s’engager à l’Ecole Militaire au 19ème Bataillon de Chasseurs à Pied (BCP). Il décide de partir avec lui. Le 4 septembre, à 21 ans, il porte l’uniforme. Son ami sera tué.

En novembre, le bataillon, incorporé dans la 1ère Armée du Maréchal de Lattre de Tassigny,  rejoint le front en Alsace. En janvier, il est engagé dans la bataille au sud de la poche de Colmar, franchit le Rhin le 10 avril.

Le 21, le char sur lequel se tient Stanislas est atteint par un projectile ; il est blessé d’éclats multiples. Sa cousine Hélyette de Chantérac, infirmière, l’apprend. Elle vient le voir à l’hôpital avant son rapatriement vers Paris, et c’est elle qui donne de ses nouvelles à ses parents.

Pour cette guerre, sa campagne a pris fin, mais Stanislas entrera ensuite à Coëtquidan, fera deux campagnes d’Indochine et deux séjours en Algérie. Il quittera l’armée comme colonel en 1970 et sera fait Commandeur de la Légion d’Honneur en 2015.

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